Ce n’était pas prémédité.
Je me suis juste levé cette nuit-là avec une envie pressante, floue, poisseuse, celle qui surgit quand ton cerveau n’est pas encore complètement connecté à ta vessie. J’ai marché, les yeux mi-clos, traversé le salon en tanguant comme un capitaine sans gouvernail, en me dirigeant plus au bruit du frigo qu’à la logique spatiale.
Et puis là… l’illumination. Une forme verte. Feuillue. Généreuse. Belle.
Une monstera.
Mon cerveau, toujours à 12%, a dit :
« Ah oui. C’est là qu’on fait pipi. »
Aucune contestation de la part du cortex frontal. Pas de conseil du lobe temporal. Le consensus est immédiat. L’inconscient décide, le corps exécute.
Fermeture éclair. Positionnement stratégique. C’était presque cérémonial.
Et je pisse. Tranquillement. Naturellement. Presque affectueusement.
La terre absorbe. La plante… reçoit.
Au bout de quelques secondes, un petit filet d’urine glisse sur une feuille et fait un bruit mouillé sur le parquet. C’est là que mon cerveau revient.
Genre vraiment revient.
Et il dit :
« Attends… mais c’est pas les toilettes, ça. »
Trop tard. Le crime est consommé. La monstera, 43€, pot céramique, achetée chez Truffaut un dimanche de dépression, vient de devenir urinoir.
Je reste là, devant elle. Honteux. Elle, stoïque, trempée d’une partie de moi qu’elle n’a jamais demandé. J’entends presque ses pensées :
« Franchement ? De tous les coins de cet appartement ? Moi ? »
Je lui réponds mentalement :
« J’ai pas fait exprès. T’étais pas loin. »
Le lendemain matin, elle penche légèrement vers la gauche. Une protestation végétale.
Moi, je la regarde, j’arrose un peu avec de l’eau claire pour diluer le drame, et je me promets de ne plus jamais boire trois canettes de Pepsi Max avant de dormir.


Laisser un commentaire