je dépose
quoi ?
un mot à l’envers
ou peut-être
un souffle
qui ne vient pas
la langue se plie
dans un angle
muet / je crois
(je ne sais plus)
entre ce qui ne se dit pas
et ce qui se tait
un bord
une faille
une presque-chose
qui fait
rien
mais
qui
le
fait
vraiment
on entend mieux
quand ça ne veut rien dire
mais que ça veut quand même
certaines phrases
me bloquent le diaphragme
(elles ne veulent pas être dites)
entre les lignes
il y a des battements
je ne suis pas
un mot
je suis ce qui reste
quand tu n’as pas trouvé
quoi dire
un mot s’égare
avant d’atteindre la langue
il tangue
il chancelle
je regarde
ce presque-son
qui reste suspendu
je ne dis pas
je retiens
ce n’est pas
le silence
c’est avant
le mot
qui lève
puis s’effondre
la pensée
qui griffe la bouche
et dort contre les dents
je ne dis pas
mais ça pousse
dedans
comme une herbe sourde
sous la langue
il y a des phrases
qui ne savent pas naître
et pourtant
je les tiens
toutes
dans la paume
je serre
je serre
je serre
jusqu’à ce que ça saigne
autrement
je laisse
le silence
parler
un peu
à ma place
( )
et parfois
c’est ça
qui dit
le plus juste
le
mot
se dérobe
(je)
le vois
à peine
un petit bout
de silence
qui fuit
sous la peau
à l’intérieur
d’un trou
le corps
parle
en éclats
le silence
c’est la langue
entre les langues
les silences entre les mots
sont des espaces
à déchiffrer
mon corps parle
en creux de mots
en interstices
le mot se casse
avant même de naître
je cherche
dans la gorge
un début
de phrase
je trouve
un vide
chaud
un silence
avec les bords coupants
je tente un son
il se froisse
sous mes dents
chaque souffle
est une phrase
que j’ai
abandonnée
je parle
avec ce que je tais
je parle
mais mon silence parle plus fort
parfois le silence est un cri
qui ne trouve pas de bouche
je me tiens
au bord du mot
je respire
ce que je ne dis pas
et c’est déjà parler


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