Un homme pleure des trombones. Pas des larmes normales. Des trombones. Chaque matin, en se levant, il se penche sur son évier et il pleure des dizaines de trombones qui tintent mollement contre la porcelaine. Il sait pas pourquoi et il s’en fiche un peu en vrai. Personne lui demande. Personne remarque. Personne remarque les trombones qu’il a pleuré de ses yeux.
Il les ramasse un par un et il les empile dans des boîtes en carton qu’il trouve dans la cave. Les boîtes deviennent lourdes. Les boîtes deviennent poussiéreuses. Il les empile jusqu’au plafond. Mais ça change rien. Les trombones consolent pas.
Des fois il les regarde et il se demande si ça fait de lui quelqu’un de spécial. Et puis il se dit que non. Ça fait de lui qu’un homme avec des boîtes de trombones. Le monde continue de tourner, les voisins continuent d’exister, le facteur continue d’apporter des lettres et lui il pleure encore. Et les trombones continuent de couler.
Il a arrêté d’essayer de comprendre. Ça sert à rien. On explique pas pourquoi on pleure des trombones. On le fait c’est tout. Lui il le fait. Il pleure pas de larmes normales. Il pleure des trombones. Juste des trombones. Et c’est tout ce qu’il y a à faire.


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