J’ai décidé de louer un segment de mon intestin. Pas pour la beauté, pas pour le fun, juste pour l’économie. Chaque mois, je choisis un locataire : parfois un pot de haricots, parfois une collection de capsules de café usagées que je n’ai pas envie de jeter. Je découpe un petit tronçon proprement, je nettoie, je mets le locataire à l’intérieur, et je referme. C’est un travail méticuleux : il ne faut pas que ça fuie, que ça se décompose trop vite, ou que ça bloque le transit.
Chaque mois, changement de locataire. Les haricots partent, les capsules arrivent, puis ce sera peut-être un petit paquet de fromage moisi. Je note tout dans un carnet : “1er avril – fromage bleu, reste 12 jours avant odeur trop forte. 1er mai – locataire haricot rouge, croissance optimale.” Mon intestin devient un calendrier vivant, une chambre louée selon les saisons digestives.
Le plus drôle, c’est la logistique. Les livraisons doivent se faire discrètement, parce que les voisins ne comprennent pas toujours qu’un intestin peut servir de location. Et parfois, il faut nettoyer les dégâts : un petit jet de liquide verdâtre, un morceau coincé, un locataire trop actif… mais rien de grave, juste la routine.
À la fin, je fais le bilan : une économie intérieure, un Airbnb de chair, avec des revenus tout relatifs et des frais de ménage permanents. Les profits sont surtout psychologiques : satisfaction de savoir que chaque centimètre de mon corps est utile, que chaque centimètre loué a une fonction. Et oui, parfois ça pue, parfois ça glisse, mais hé, c’est de l’économie organique.
Louer son intestin : guide de survie extrême
- Choisir le segment
Repérez le tronçon le plus stable. Trop haut : reflux et brûlures. Trop bas : fuites incontrôlables et voisins furieux. L’idéal : un mètre environ, avec un peu de marge pour les glissements. Vérifiez la tonicité de la paroi : si ça se détend trop vite, préparez-vous aux accidents. - Sélectionner le locataire
Options classiques :
- Haricots rouges → croissance rapide, odeur supportable mais flatulences garanties.
- Fromage bleu → odeur mortelle, parfait pour tester votre tolérance.
- Capsules de café, piles, petits objets métalliques → pour les amateurs de sensations fortes.
- Petits jouets en plastique → finissent parfois coincés, nécessitent extraction manuelle.
/!\ Ne jamais mettre d’animaux vivants. Le hamster ou le poisson rouge finissent écrasés, ça sent le sang et ça tâche.
- Installation
Nettoyez le segment, aérez si possible. Insérez le locataire avec gants et lubrifiant – attention aux frottements. Vérifiez qu’il ne bloque pas le transit. Fermez soigneusement. Tout saignement modéré est normal. Gros saignement = appel d’urgence. - Entretien quotidien
- Vérifiez les fuites, surtout après les repas.
- Notez les odeurs suspectes.
- Prenez une photo pour le carnet de bord si vous voulez vous souvenir du chaos.
- Préparez des gants, des serviettes, et un seau pour les accidents.
- Changement de locataire
À la fin du mois : extraction. Parfois le locataire est coincé, parfois il a commencé à se décomposer. Nettoyez, aérez, désinfectez. Certains mois, il faut carrément recoudre un petit trou secondaire ou faire un mini “débouchage” interne. Puis installez le suivant. - Accidents fréquents
- Fuites soudaines → sortir immédiatement, s’armer de serviettes et de patience.
- Glissements imprévus → locataire qui se déplace plus bas, provoquant douleur et panic.
- Odeurs insupportables → fenêtres ouvertes, masques à gaz recommandés.
- Rébellion du locataire → haricot qui germe trop vite, fromage qui coule, objet qui gratte.
- Plaintes des voisins et sécurité
Préparez des excuses : “expérience scientifique”, “projet artistique”, “démarche écologique”. Ne laissez jamais un locataire rebelle trop longtemps : dégâts matériels et psychologiques assurés.
Bilan final
Votre intestin devient un Airbnb organique. L’économie est intérieure, mais les séquelles sont réelles : odeurs, glissements, éclats de fromage ou haricots coincés, parfois petits saignements. Satisfaction garantie si vous survivez au mois.


Laisser un commentaire