Tout a commencé un matin banal : je me suis transformée en pizza géante. Mon corps était maintenant une pâte molle, mes yeux logeaient dans deux olives noires, et ma bouche… un généreux morceau de pepperoni. Chaque mouvement était un défi : je roulais sur le sol sans faire tomber le fromage, je faisais attention que mes bras (qui étaient maintenant des bords croustillants) ne se froissent pas, et surtout… je devais éviter de finir dans le four.
La vie quotidienne était devenue un cauchemar culinaire. Le chat du voisin me regardait avec des yeux gourmands, le facteur a presque tenté de me trancher pour le goûter du matin, et mes cheveux (encore vaguement attachés à ma pâte) s’accrochaient à chaque poignée de porte. J’ai essayé de me cacher derrière les meubles, mais mes olives-yeux me trahissaient constamment.
Et puis il y avait la cuisson. La menace permanente du four m’empêchait de respirer… enfin, de respirer comme une pizza. Chaque passage dans la cuisine était un saut d’obstacles : j’esquivais la main de maman, le couteau du voisin, et le grille-pain qui avait l’air d’avoir des intentions suspectes.
Pour survivre, j’ai appris à rouler comme une boule de pâte, à me camoufler sous des nappes, et à faire la gueule avec ma pepperoni-bouche pour paraître moins appétissante. Et quelque part, entre une tranche de jambon et un peu de fromage fondu, j’ai compris qu’être une pizza c’est complètement ridicule mais quand même vachement bon avec quelques feuilles de basilic frais.


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