Ouuuh Émeline elle a pété ! Ouuuh Émeline la péteuse !

Elle ne voulait pas. Elle n’y pouvait rien. Chaque « je » était un pet, chaque phrase une catastrophe minuscule. Une existence rythmée par l’embarras. Et le pire, c’est qu’on n’a jamais vraiment aimé Émeline.

Elle disait « je ».
Elle disait toujours « je ».
Elle disait « je » même quand elle voulait pas.
Et chaque « je » venait avec son petit pet.

Pet.
Pas fort. Suffisant. Suffisant pour marquer.
Pet.
Pas fort. Suffisant pour faire rougir.
Pet.
Pas fort. Suffisant pour que le monde entier remarque.

Au travail, elle disait « je ».
Elle disait « je » en réunion.
Elle disait « je » devant le patron.
Pet.
Elle disait « je » au téléphone.
Elle disait « je » dans le couloir.
Pet.
Chaque « je » était accompagné d’un petit pet embarrassant. Chaque phrase était ponctuée par ce pet.
Et plus elle essayait de retenir le pet, plus le pet sortait. Incontrôlable. Implacable.

Elle essayait de respirer.
Elle essayait de parler doucement.
Elle essayait de dire des phrases sans « je ».
Elle essayait tout.
Tout.
Rien ne marchait.
Chaque « je » venait avec son pet.

À la cantine : « Je… » Pet.
Les voisins de table sursautaient légèrement. Elle baissait la tête, rouge comme un homard, et continuait à manger en silence.
Dans le métro : « Je… » Pet.
Un regard de travers. Une petite moue. Et elle se demandait si le monde entier venait de l’entendre.
Au téléphone : « Je… » Pet.
Un silence gêné à l’autre bout de la ligne. Elle bafouillait, rougissait, tentait de continuer.

Chez elle, ce n’était pas mieux.
Elle parlait seule devant le miroir : « Je… » Pet.
Le chat la fixait comme si elle était folle. Les plantes restaient silencieuses, mais elle imaginait qu’elles la jugeaient aussi.
Elle essayait de regarder la télévision : « Je… » Pet.
Elle voulait répondre à un texto : « Je… » Pet.
Elle voulait juste se laver les mains : « Je… » Pet.

Elle essayait parfois de reformuler : « le sous-traitant de mon moi… »
Pet.
Même en parlant comme ça, le pet venait. Même avec des mots compliqués, même avec des phrases longues, le pet ne manquait jamais.

Les jours passaient.
Chaque jour : Pet.
Chaque phrase : Pet.
Chaque respiration : Pet.
Chaque pensée à voix haute : Pet.
Et parfois, elle s’arrêtait pour écouter. Pour se concentrer. Pour se dire que ça allait passer.
Et ça passait jamais. Toujours le même pet. Toujours le même embarras.

Un soir, elle a pris une grande inspiration.
« Je… » Pet.
Elle a ri.
Elle a ri parce que c’était ridicule.
Elle a ri parce que c’était incontrôlable.
Elle a ri parce qu’elle pouvait pas faire autrement.

Elle était Émeline.
Elle disait « je ».
Et chaque « je » venait avec son pet.
Le matin, le midi, le soir.
En marchant, en mangeant, en parlant au chat.
Chaque « je » avait son pet.
Chaque « je » était ponctué par ce petit pet.

Et demain, elle dirait encore « je ».
Et le pet serait là.

Et puis de toute manière Émeline elle était déjà pas très aimée.
Elle était pas super sympa Émeline. Un peu passive-agressive avec un rire super relou.
Elle était très peu intelligente Émeline, pour ne pas dire con comme un cul.
Quelle ironie.


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